(2009, FR)
Fantazio ? Un nom d’oiseau pour drôle de zig que vous connaissez sans doute si vous aimez traîner vos guêtres hors des sentiers battus.
D’un coin de bitume de l’Est parisien aux comptoirs les plus reculés de l’Hexagone en passant par le squat d’à côté, l’homme-contrebasse bâtit sa légende au gré de performances aussi déjantées sur le fond que dans la forme, au moyen d’une maîtrise inouïe du barrissement d’éléphant et d’un sens aiguë de la comptine enfantine remise au goût du jour rock ou punk.
Trois ans après The Sweet Little Mother Fuckin’ Show, l’énergumène revient avec un second pavé dans la mare de « la musique populaire », celle-là même qui donne son titre à l’une des chansons manifestes de ce nouvel opus, un tube hip-hop en puissance savamment chaloupé avec la complicité de René Lacaille. A l’instar de cette rencontre avec l’accordéoniste réunionnais, le tour de manège auquel convient Fantazio et son combo s’inspire de ses errances, vécues ou fantasmées, toujours subversives et authentiques. Une équipée sauvage et poétique dont les montures parlent français, anglais ou italien, mais tendent surtout à provoquer l’électrochoc d’un nouvel idiome musical. Antithèse de l’exercice de style, celui de Fantazio brasse et brouille les formes convenues du jazz franchouillard et du yéyé birman, du pogo rituel, de l’afrobeat spaghetti et de la fanfare techno. Autant de chinoiseries soigneusement mises en boites sur une production plus léchée qu’on ne pourrait s’y attendre de la part d’un artiste à l’aura de fou furieux.
Heureux trublion de la scène alternative, notre crooner a définitivement plus d’un tour de bruitages et de swing à offrir en partage. Sombres rêves ou tendres cauchemars, son univers est une bouffée d’air, toxique pour les tenants du consensus, enivrante pour qui veut bien y prêter une oreille. Tendez la vôtre, l’Elefantazio arrive à grands pas près de chez vous.