C’est d’abord la marotte d’un étudiant marseillais sortant de l’INSAS qui ne connaissait de la Belgique que ce qu’en avait écrit Rimbaud. Et qui caressa peu à peu le projet de refaire le trajet de sa seconde fugue (1870), de Charleville-Mézières jusqu’à Charleroi. En 2006, la fermeture des ateliers Thomé-Génot à Nouzonville vient ajouter un épisode à la série des pillages d’industries à laquelle semble abonnée la vallée de la Meuse, et rappelle au cinéaste que ce qui se passe là fait suite à ce qu’il est en train de filmer ailleurs : la destruction systématique des restes du monde ouvrier pour son pur et simple recyclage financier, la gentrification des villes, des espaces, des imaginaires. Une situation qui résonne avec l’un des poèmes écrits par Rimbaud au moment de son trajet, à l’aube de l’ère industrielle. Le film se précise peu à peu comme un aller-retour passé-présent, marchant d’un pied tout aussi bien littéraire que politique. Rimbaud est ici un moyen de transport qui permet au cinéaste de circuler à la frontière de son monde et de rendre compte de la façon dont vivent des gens du peuple en France et en Belgique, dans la vallée de la Meuse et à Charleroi… (Nova-10.01.2016)
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